L'une des plus grandes forêts de Seine-Maritime
Située aux confins de la Normandie et de la Picardie, la forêt d'Eu s'échelonne sur une trentaine de kilomètres, depuis les environs d'Eu jusqu'à la région d’Aumale. La forêt d'Eu est formée de plusieurs ensembles distincts : le Triage, les haute et basse forêts.
Formant une grande part de l'ancien domaine royal, la forêt d'Eu est aujourd'hui l'une des rares forêts publiques françaises "indivise". Depuis 1915, elle appartient en effet à deux propriétaires : l'État pour 9/10e, le département de la Seine-Maritime pour 1/10e. Avec quelques 9.300 h., c'est l'une des plus grandes forêts de Seine-Maritime.
L’intervention de la Grande Mademoiselle
Si la situation de la forêt se révèle désastreuse aux XVIe et XVIIe s., la reprise en main du domaine par la Grande Mademoiselle, dans les années 1660, augure d’une plus grande rigueur. Les efforts de la princesse afin de rendre plus efficace le personnel forestier, et pour mieux réguler la vente d’arbres prouvent leur efficacité et ouvrent la voie aux réformes entreprises par le duc de Penthièvre, petit-fils de Louis XIV et propriétaire du domaine d’Eu à partir de 1773.
Le coeur de l’économie locale
La forêt est en effet un lieu de vie, le cœur de l’économie locale. L’installation de verreries dès le XIVe s. crée un débouché important pour la vente de bois. Outre la verrerie, la forêt alimente en matière première la construction navale, l’édification de bâtiments ou plus simplement la fabrication d’objets du quotidien. Du reste, la terre, qui a servi à façonner les briques utilisées pour l’édification du château d’Eu, proviendrait du lieu-dit du Siège-Madame.
Un lieu de promenade
La forêt est également un lieu de détente pour ses propriétaires. La chasse fait partie des passe-temps favoris de ceux-ci. Louis-Philippe fait exception et déteste cette activité. Il finance largement l’aménagement de la forêt pour en faire un but de promenade. Il y fait ouvrir par exemple trois nouvelles routes d’agrément qui portent les prénoms des princesses de sa famille. Il existe ainsi une route Adélaïde, du nom de sa sœur bien-aimée à l'amitié de qui il consacra aussi une stèle en forêt, et des routes Louise et Clémentine, en l’honneur de ses filles.
Autre héritage laissé par la famille d’Orléans, la forêt d’Eu comporte des maisons forestières spacieuses (1875-1881) et vingt-huit poteaux indicateurs en fonte (1876-1902), installés à l’initiative du comte de Paris et du duc d’Aumale afin de faciliter à la fois la pratique de la chasse et la promenade.